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Reste-t-il des vestiges des chambres à gaz des camps de l’opération Reinhard à Treblinka, Sobibor et Belzec ?
Les négationnistes de la Shoah affirment que :
Aucune trace physique des chambres à gaz ne peut être trouvée aux camps de l’opération Reinhard ; par conséquent, elles n’ont pas existé.
Par exemple, Carlo Mattogno, un négationniste italien de la Shoah, affirme que « Treblinka est, en fait, le symbole le plus approprié de "l’Holocauste", le mirage du génocide d’un million dans des chambres à gaz, dont pas la moindre trace documentaire ou matérielle n’existe […] ».[1]
Les faits sont les suivants :
Bien que peu de preuves physiques subsistent des chambres à gaz de Treblinka, Belzec et Sobibor, des preuves photographiques, dont des photographies aériennes, révèlent beaucoup de choses sur l’aménagement des camps, dont celui des bâtiments et des chambres à gaz.
Les preuves de l’existence des chambres à gaz à Treblinka :
Il existe des preuves matérielles de l’aménagement général du camp et des preuves spécifiques de l’existence des chambres à gaz. Ces preuves comprennent des photographies prises par les nazis pendant l’existence du camp et une photographie aérienne prise six mois après que le camp fut rasé et fermé. La collection de photographies de Kurt Franz en est un exemple particulièrement célèbre.[2]
Localisation des bâtiments des chambres à gaz du camp d’extermination de Treblinka sur des photographies aériennes.
La plupart des bâtiments de Treblinka, y compris les chambres à gaz, avaient été conçus pour être des constructions temporaires. Les chambres à gaz étaient faites de briques, de bois et de béton et avaient des fondations peu profondes. Lorsque les Allemands ont rasé le camp, ils ont démoli les structures hors sol et ont même rasé les traces des murs et du sol en béton des fondations. Il reste peu de preuves à la surface. Seules des excavations bien précises et poussées révélèrent les preuves de l’existence des camps.
Cependant, Alex Bay, en utilisant une analyse mathématique sophistiquée assistée par ordinateur, est parvenu à reconstruire une représentation en trois dimensions de Treblinka. Pour son modèle, il a utilisé une photographie de reconnaissance aérienne de 1944 et la collection de photographies de Kurt Franz. Sur la photographie aérienne, Bay a trouvé la trace visible laissée par le « tube » qui conduisait de la zone d’accueil, où les Juifs étaient déchargés et forcés de se déshabiller, jusqu’aux bâtiments des chambres à gaz. Les traces du « tube » sont indiquées par la présence évidente des poteaux de clôture qui le longeaient. Bien que A. Bay n’ait pas pu trouver de trace concluante des chambres à gaz sur les images, il semble raisonnable de conclure qu’elles étaient proches de l’extrémité du tube (dans la zone marquée d’un « X »).[3]
Corroboration des preuves fournies par l’image aérienne et les photos de K. Franz.
Quand A. Bay examina les photographies de K. Franz, il trouva une image des pelleteuses près des charniers. Ces mêmes photos offraient une vue partielle des bâtiments des chambres à gaz, du plus petit au plus grand. Particulièrement visible dans l’image est le bout de l’ancien bâtiment de chambre à gaz, plus petit, ainsi que la salle dans laquelle le moteur était installé. Également visible, mais partiellement bloquée par la pelleteuse, se trouvait l’extrémité occidentale du plus récent et plus grand bâtiment de chambre à gaz.
La photographie montre également une maison avec un puits, une clôture qui empêchait de voir les charniers, une porte et deux prisonniers portant une civière — des détails dont l’existence et l’emplacement furent corroborés par les témoins oculaires, qu’ils fussent anciens prisonniers ou tortionnaires.[4]
Auteur inconnu, légende dessinée dans Photoshop par Poeticbent, via Wikimedia Commons. Original provenant de la National Archives Air Photo Library à Alexandrie, Virginie, États-Unis. Division cartographique (groupe d’enregistrement 373).
Il existe un témoignage oculaire d’un survivant concernant l’emplacement des chambres à gaz.
Yankiel Wiernik, un survivant de Treblinka, fut contraint de participer à la construction de chambres à gaz plus récentes et plus grandes. Y. Wiernik décrivit et localisa le « tube », l’ancienne chambre à gaz et la nouvelle chambre à gaz dans un modèle qu’il construisit dans les années 1950. Ce modèle est maintenant exposé en Israël.
Sans aucune connaissance de la photographie aérienne de 1944, Y. Wiernik plaça le « tube » et les deux bâtiments de chambre à gaz à l’endroit indiqué par les traces visibles dans la photographie aérienne. En outre, sans aucune connaissance des photographies de K. Franz, Y. Wiernik reconstruisit correctement des bâtiments similaires, y compris la ligne de toit exacte du nouveau bâtiment de chambre à gaz, qui est un élément de base figurant dans les photographies de K. Franz. Ces photographies ne furent pas retrouvées avant les années 1960. Ces sources se corroborent mutuellement.[5]
De même, Chil Rajchman (également connu sous le nom de Henryk Reichman), un survivant de Treblinka, confirma l’existence des deux bâtiments de chambre à gaz situés à l’extrémité du tube :
Au moment où j’ai commencé à travailler dans le camp d’extermination, il y avait deux structures de gazage en fonctionnement. La plus grande avait dix chambres, dans chacune desquelles pouvaient entrer jusqu’à 400 personnes. Chaque chambre faisait 7 mètres de long sur 7 mètres de large (23 pieds sur 23 pieds). Les gens y étaient fourrés comme des harengs. Quand une chambre était pleine, la seconde était ouverte, et ainsi de suite. De petits convois étaient amenés jusqu’à la plus petite structure, qui disposait de trois chambres à gaz, chacune pouvant contenir entre 450 et 500 personnes.
Yaakov Wiernik construit un modèle du camp de Treblinka dans le Lohamey Hagetaot Museaum. Auteur inconnu. (Domaine public), via Wikimedia Commons
Conclusion :
Les photographies de K. Franz, l’image aérienne de 1944 et le modèle de Y. Wiernik confirment l’emplacement du « tube » et des deux bâtiments à son extrémité. Y. Wiernik construisit son modèle dans les années 1950, quand sa mémoire était encore fraîche. En outre, les caractéristiques architecturales de ses modèles de bâtiments sont compatibles avec les caractéristiques des bâtiments de chambre à gaz des photographies de K. Franz (qui ne furent pas trouvées avant les années 1960). Ces trois éléments de preuve, lorsqu’ils sont pris ensemble, prouvent de façon convaincante que les bâtiments des chambres à gaz de Treblinka existaient et que leur emplacement approximatif a été identifié.
NOTES
[1] Carlo Mattogno et Jürgen Graf, Treblinka: Extermination Camp or Transit Camp? (Theses & Dissertations Press, 2004), 301 à l’adresse http://vho.org/dl/ENG/t.pdf.
[2] Ernst Klee, Willi Dressen, et Volker Reiss, éditeurs. "The Good Old Days" The Holocaust as Seen by Its Perpetrators and Bystanders (Free Press, 1998), 225-227, 245, 246, 248. Voir également « Kurt Franz » à l’adresse http://en.wikipedia.org/wiki/Kurt_Franz.
[3] Alex Bay, « The Reconstruction of Treblinka » à l’adresse https://archive.org/details/TheReconstructionOfTreblinka.
[4] Alex Bay, « The Reconstruction of Treblinka » à l’adresse https://archive.org/details/TheReconstructionOfTreblinka. Voir illustrations 36 et 37.
[5] Des photographies du modèle de Y. Wiernik sont incluses dans « A Year in Treblinka » aux adresses http://www.zchor.org/treblink/wiernik.htm et http://www.forward.com/articles/104670/.
[6] Chil Rajchman, The Last Jew of Treblinka: A Survivor’s Memory 1942-1943 (Pegasus Books, 2011), 65.